La révolution numérique a déjà transformé notre rapport au savoir : les technologies permettent un accès universel et immédiat à l’information, rompant avec l’ancien monopole des livres et des bibliothèques ih2ef.gouv.fr. Cependant, cette profusion documentaire impose « un apprentissage critique » : l’élève doit désormais filtrer, vérifier et évaluer l’information disponible ih2ef.gouv.fr. L’émergence d’une intelligence artificielle générale (AGI) capable de raisonner comme un humain pourrait encore intensifier ce mouvement. D’un côté, l’AGI offre la promesse d’une « intelligence partagée » où l’homme et la machine bâtissent ensemble le savoir weka.ch. Elle peut synthétiser des informations, suggérer des idées neuves et personnaliser les parcours d’apprentissage. De l’autre, on craint que ce « robot qui fabrique des textes mot à mot selon les occurrences statistiquement dominantes » ne remplace l’initiative personnelle de la pensée lemonde.frannelisebouchut.com. Comme le souligne Philippe Meirieu, ChatGPT « abolit la dynamique du questionnement et de l’apprentissage » propre à l’enseignant et à l’élève lemonde.fr. De fait, même si l’AGI manipule des connaissances à grande vitesse, elle ne « sait » rien au sens humain : elle ne fait que reproduire les schémas les plus répandus des données existantes lemonde.fr / meirieu.com. Le défi épistémologique est donc de préserver chez l’apprenant un rapport vivant au savoirmeirieu.com.
Implications pour l’éducation
L’entrée de l’AGI dans la classe bouleverse les fondements mêmes de l’éducation. D’ordinaire, l’école ne se contente pas de dispenser des informations : elle élève les élèves en leur transmettant un rapport au savoirmeirieu.com. Elle vise à former des citoyens capables de « penser par eux-mêmes » et de « construire du commun »meirieu.com. Or l’AGI, en traitant les élèves comme de simples « usagers » ou « clients » à satisfairemeirieu.com, peut sembler contredire cette vocation. Dans une perspective optimiste, on entend cependant que l’enseignant deviendra davantage un médiateur et un facilitateur d’expériences : comme le prévoit Valérie Pisano, « le rôle de l’enseignant évoluera vers celui de facilitateur d’expérience plutôt que transmetteur de connaissances »nouvelles.umontreal.ca. Le temps ainsi libéré des tâches répétitives (corrections automatiques, remédiations…) pourra être consacré à des activités plus créatives et relationnelles.
- Fondements de l’éducation. L’école républicaine a pour mission de faire accéder chacun au savoir collectif, tout en développant son esprit critique. L’AGI peut enrichir cet accès (tutoriels personnalisés, simulations interactives, feedback instantanéaefo.on.ca). Mais comme le note Meirieu, elle tend à standardiser les réponses et à niveler l’expérience pédagogiqueih2ef.gouv.fr. L’inquiétude est de voir l’« aspect humain de l’enseignement » diminuer : si la machine remplace l’échange entre pairs et l’accompagnement du professeur, l’apprentissage risque de perdre en interaction et en empathieih2ef.gouv.fr. Pour l’UNESCO, c’est pourquoi l’IA doit rester au service de l’homme et orientée vers le renforcement des capacités de l’élève et de l’enseignantaefo.on.ca.
- Questionnement et pensée critique. Un des enjeux majeurs est le maintien du questionnement philosophique et critique. Avec l’AGI qui peut répondre à toute question sur commande, le sens même de poser une question risque de s’émousser. Comme l’indique Philippe Meirieu, l’AGI « abolit la dynamique du questionnement et de l’apprentissage » qui sont au cœur de la relation élève-professeurlemonde.fr. Normand Roy confirme ce danger : « pourquoi résumer un texte si l’IA peut le faire ? » s’interroge-t-il, ce qui souligne le risque d’appauvrissement de la pensée autonome et de dépendance à l’outilnouvelles.umontreal.ca. La formation de l’esprit critique devient alors primordiale : apprendre aux élèves à comparer les réponses de l’IA, à repérer les biais ou les « glissements sémantiques » dans les propositions automatiqueslemonde.fr. L’enseignant doit guider les élèves vers un usage réfléchi de l’outil, en faisant du questionnement et du débat collectif un contrepoint à la réponse informatiquemeirieu.comannelisebouchut.com.
- Rôle de l’enseignant. L’AGI ne vise pas à supplanter l’enseignant, mais à le transformer. Selon Bruno Poellhuber, être professeur est un métier « complexe », et « ce n’est pas demain que l’IA va remplacer celui ou celle qui l’exerce »nouvelles.umontreal.ca. Au contraire, on se dirige vers une intelligence augmentée, où la machine assiste l’humain dans ses tâches et où l’enseignant met en œuvre son expertise pour tirer profit de l’outilnouvelles.umontreal.caaefo.on.ca. Concrètement, le professeur devra paramétrer l’AGI selon les besoins de sa classe, tout en instillant du sens au savoir : il demeure celui qui « rend le savoir attractif » et suscite le désir d’apprendreannelisebouchut.com. En parallèle, il doit accompagner l’élève dans l’apprentissage de l’éthique numérique : l’UNESCO insiste pour que l’IA soit développée de manière éthique, transparente, contrôlée par des humains et centrée sur les droits de chacunaefo.on.ca. L’éducation devient ainsi un chantier d’apprentissage au vivre-ensemble humain-machine, où le professeur joue le rôle de coach ou d’arbitre pour préserver le « contrat moral » de l’écoleannelisebouchut.comih2ef.gouv.fr.
Perspectives contrastées
- Perspective critique : dépendance et appauvrissement de la pensée
- Plusieurs spécialistes tirent la sonnette d’alarme sur les dérives potentielles. L’AGI pourrait standardiser l’éducation et réduire l’élève à un simple réceptacle passif. Comme l’observe Philippe Mérieux, toute intelligence artificielle qui ne questionne pas la légitimité des données reste un simple « sondage qui dit ce qui est »meirieu.com. Le risque est de créer des parcours externes, individualisés par l’IA, sans vrai échange humain. En conséquence, le « caractère non seulement rationnel de l’apprentissage » risquerait d’être niéih2ef.gouv.fr, dévaluant la dimension sociale et émotionnelle de l’éducation. De fait, l’accès immédiat aux réponses peut nuire à l’autonomie intellectuelle : si un outil répond toujours mieux que nous, pourquoi s’efforcer de penser soi-même ? Normand Roy insiste sur la nécessité de « maintenir et préserver la construction de nos compétences » faute de quoi notre pensée se roiditnouvelles.umontreal.ca. En s’appuyant sur l’AGI, l’élève pourrait perdre le sens de l’effort et du doute créatif. Enfin, le lien humain entre enseignants et élèves pourrait se fragiliser : déléguer trop de tâches à l’IA (corrections, appréciations) reviendrait à « s’affranchir du dialogue » qui fait progresser l’élèveannelisebouchut.com.
- Perspective optimiste : intelligence partagée et sagesse augmentée
- A l’inverse, l’AGI ouvre la voie à une co-création du savoir : humains et machines travaillent en tandem. L’entreprise et les organisations parlent désormais de co-intelligenceweka.ch, c’est-à-dire d’une combinaison des compétences humaines et de l’expertise de l’IA pour innover. Dans cette perspective, la machine traite les tâches répétitives ou analytiques, tandis que l’humain se concentre sur la créativité, l’empathie et la nuanceweka.chnouvelles.umontreal.ca. L’infrastructure éducative peut s’appuyer sur des données pour individualiser les parcours (tuteurs intelligents, chatbots pédagogiques…), un avantage souligné par plusieurs spécialistesaefo.on.caaefo.on.ca. L’enseignant, libéré des tâches administratives, devient un mentor ou animateur d’apprentissage, favorisant l’émergence d’une intelligence collective enrichienouvelles.umontreal.caweka.ch. Enfin, on espère que l’alliance humain/IA permettra un « dépassement de nos compétences » : l’AGI pourrait stimuler de nouveaux questionnements et ouvrir des pistes de réflexion inédites, menant à une forme de « sagesse augmentée ».
Conclusion
L’avènement d’une AGI soulève des défis majeurs pour notre rapport au savoir et pour l’éducation. Le double paradoxe est que l’IA promet à la fois d’enrichir la connaissance et d’amoindrir la pensée critique. Le déploiement de telles technologies doit donc être éclairé par une réflexion philosophique et éthique, qui replace l’humain au centre de la démarche éducativeaefo.on.caannelisebouchut.com. Idéalement, l’enseignant et l’élève apprendront à collaborer avec l’IA (ce que certains appellent l’intelligence augmentée) en définissant clairement ce qu’ils veulent préserver (questionnement, empathie, créativité) et ce qu’ils sont prêts à laisser aux algorithmesnouvelles.umontreal.caih2ef.gouv.fr. Au final, l’IA sera bénéfique si elle sert à stimuler l’esprit critique et non à le court-circuiter. Seule une co-création humaniste du savoir permettra alors de transformer l’outil en moteur d’une sagesse partagée, et non d’une dépendance appauvrissante.
Sources : Recherches et analyses pédagogiques récentes
meirieu.com
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aefo.on.ca
annelisebouchut.com
nouvelles.umontreal.ca
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weka.ch
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ih2ef.gouv.fr
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lemonde.fr.